La dynamique secrète de l’imitation
de Jésus-Christ

1 Corinthiens 10 :31-33 et 11 :1 « Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, et quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu. Ne soyez une pierre d’achoppement ni pour les Grecs, ni pour les Juifs, ni pour l’Eglise de Dieu, comme moi aussi je me rends agréable en tout et à tous, cherchant non mon avantage, mais celui du plus grand nombre, afin qu’ils soient sauvés.  Soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même de Christ. »

Paul parle des sujets possibles de divisions parmi les Corinthiens concernant les viandes sacrifiées aux idoles et autres sujets de controverses. Puis il arrive à sa conclusion en se donnant en exemple : « comme moi aussi… ». Mais il va plus loin : « soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même de Christ. » Quelle que fut le domaine de sa vie, Paul était un exemple à suivre, dans la mesure où il suivait le modèle de Jésus.

Etre comme Jésus, être semblable à lui. Un pasteur un jour a proposé à son assemblée la chose suivante : chaque fois que nous prendrons une décision, nous nous poserons la question : qu’est-ce que Jésus ferait à ma place ? C’était une manière pratique d’entrer dans ce chemin de l’imitation de Jésus-Christ. Aujourd’hui dans les pays anglosaxons les églises proposent des bracelets « WWJD » (what would Jesus do ?). Bien sûr un bracelet ne changera pas votre vie… mais au moins le message passe.

Nous allons en premier lieu chercher à découvrir la dynamique secrète de l’imitation de Jésus-Christ. Dans un prochain article, nous étudierons la manière dont nous pouvons à notre tour être un modèle pour des disciples.

Nous avons déjà son ADN !

Romains 8 :28-30 « Nous savons du reste, que toutes choses coopèrent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein. Car ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l’image de son Fils, afin qu’il soit le premier-né d’un grand nombre de frères. Et ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés ; et ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés, et ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés. »

Lorsque Paul dit ici que « toutes choses » concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, il inclut les souffrances et les persécutions qui sont mentionnés au verset 17 du même chapitre et aux versets 35 à 37. Et la question que nous nous posons souvent est : pourquoi ? Pourquoi ces difficultés, ces souffrances, ces persécutions ? On a comme l’impression que Dieu devrait nous faire échapper à tout cela puisque nous sommes ses enfants et qu’il nous aime… Job s’est bien sûr posé la question, longuement, au milieu de souffrances indicibles dont il ne comprenait pas le sens. Il se trouvait sans le savoir dans une épreuve où Dieu comptait réellement sur lui pour qu’il tienne ferme dans sa foi. L’épreuve n’aurait pas eu de sens si Job avait eu la compréhension de ce qui se passait… C’est justement ce que nous ne comprenons pas qui permet au ciel d’évaluer la fermeté de notre foi et la solidité de notre attachement à Dieu. En réalité, ce passage de Romains 8 nous donne la raison de ces diverses épreuves : nous sommes appelés à être semblables à l’image de son Fils. Nous sommes ses frères ! C’est un but glorieux.

Toutefois nous ne devons pas renverser l’ordre divin : Dieu nous fait d’abord participer à sa nature divine par la nouvelle naissance. Jean 1 :12 nous dit que nous sommes devenus enfants de Dieu ! Nous sommes donc les frères de Jésus. C’est déjà le cas, au moment de notre conversion et c’était même déjà dans le plan de Dieu avant que le monde fût créé (Ephésiens 1). A la fin de notre passage Paul mentionne les grandes doctrines chrétiennes : prédestination, appel, justification, glorification… toutes ces choses pour Paul sont déjà faites ! Or la glorification concerne la résurrection de notre corps ! Mais pour Dieu c’est déjà fait : les choses anciennes sont passées, voici toutes choses sont devenues nouvelles ! (2 Corinthiens 5 :17). Mais, vous l’aurez remarqué, il manque à ces doctrines une doctrine importante, celle de la sanctification. Je m’étais toujours posé la question : pourquoi Paul ne mentionne-t-il pas ici, dans la foulée, la sanctification ? La raison est simple : la sanctification est la seule chose qui n’est pas encore terminée ! Elle est en cours. Paul ne pouvait pas dire : nous avons été sanctifiés ! Prédestinés, oui. Appelés, oui. Justifiés, c’est-à-dire pardonnés, oui. Glorifiés, oui tout au moins en espérance… mais sanctifiés pas encore. Affaire en cours. Et le début de notre passage qui parle des souffrances nous place au cœur de cette sanctification : toutes choses concourent à notre sanctification… c’est-à-dire à nous rendre semblable à l’image de son Fils. Voilà le but extraordinaire que Dieu poursuit avec nous.

Prenons une image. J’ai récemment visité un vieux magasin fondé en 1860 à Marseille. J’y ai appris qu’il s’agissait d’une entreprise familiale qui était dans la même famille depuis six générations. Le plus jeune héritier a vingt ans. Sa grand-mère de 86 ans continue à travailler dans le magasin chaque samedi. Le jeune n’est pas encore patron mais étant l’aîné, il sait qu’il le sera un jour… Il travaille déjà dans l’entreprise. Un employé m’expliquait : il a tout d’un patron malgré son jeune âge, il connaît le magasin, il connaît la culture de l’entreprise, il a cet ADN, cette capacité. Mais… on exige beaucoup de lui. Il doit faire ses preuves, se lever tôt le matin, tout apprendre sur tout… s’investir plus qu’un simple employé… Et pour nous il en est de même : nous avons cet ADN, nous sommes héritiers… si nous souffrons avec Jésus (Romains 8 :17). A la fois c’est « fait », et en même temps nous sommes sur un chemin difficile, beaucoup plus exigeant qu’un magasin qui a bientôt deux cents ans, aussi prestigieux soit-il…

L’imitation de Jésus-Christ n’est pas un salut par les œuvres mais une mise en œuvre de ce salut sur la base de notre reconnaissance.

Etre conforme à Lui dans sa mort.

Philippiens 3 :7-11 « Mais ce qui était pour moi un gain, je l’ai considéré comme une perte à cause de Christ. Et même je considère tout comme une perte à cause de l’excellence de la connaissance du Christ-Jésus, mon Seigneur. A cause de lui, j’ai accepté de tout perdre, et je considère tout comme des ordures, pour gagner Christ, et d’être trouvé en lui, non avec une justice qui serait la mienne et qui viendrait de la loi, mais avec la justice qui est obtenue par la foi en Christ, une justice provenant de Dieu et fondée sur la foi. Mon but est de le connaître, lui, ainsi que la puissance de sa résurrection et la communion de ses souffrances, en devenant conforme à lui dans sa mort, pour parvenir, si possible, à la résurrection d’entre les morts. »

Paul avait un secret. Il se résume dans la fameuse déclaration de Galates 2 :20 « je suis crucifié avec Christ, et ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi… ». Paul cherchait à être conforme à Jésus non seulement dans son caractère saint, mais aussi et plus précisément dans sa mort et sa résurrection. Jésus lui-même a appelé ses disciples à renoncer à eux-mêmes, à se charger chaque jour de leur croix… C’est le cœur de l’évangile. C’est dire qu’un vrai disciple est quelqu’un qui a renoncé à sa propre vie, qui est mort au péché, qui peut dire comme Paul : « le monde est crucifié pour moi comme je le suis pour le monde… » (Galates 6 :14). En fait la vie de disciple commence par le baptême, et le baptême est dans la mort de Christ (Romains 6 :1ss).

Mais il y a deux sortes de disciples. Dans 2 Timothée 3 :1-9, Paul dit à son disciple : « sache que dans les derniers jours, surgiront des temps difficiles. Car les hommes seront égoïstes, amis de l’argent, fanfarons, orgueilleux, blasphémateurs, fanfarons, orgueilleux, blasphémateurs, rebelles à leurs parents, ingrats, sacrilèges, insensibles, implacables, calomniateurs, sans frein, cruels, ennemis des gens de bien, traîtres, impulsifs, enflés d’orgueil, aimant leur plaisir plus que Dieu ; ils garderont la forme extérieure de la piété, mais ils en renieront la puissance. (…) De même que Jannès et Jambrès s’opposèrent à Moïse, de même ces gens s’opposent à la vérité ; ce sont des hommes à l’esprit corrompu, et leur foi ne résiste pas à l’épreuve. Mais ils ne feront plus de progrès, car leur folie sera manifeste pour tous, comme le fut celle de ces deux hommes. »

Notons ici que Paul ne parle pas de non chrétiens. Il dit « les hommes »… mais au sujet de ces hommes il dit qu’ils « garderont la forme extérieure de la piété » et que « leur foi ne résiste pas à l’épreuve ». Il parle donc d’hommes qui sont dans la foi (ou censés l’être), qui sont dans l’église, qui professent une foi chrétienne. Jannès et Jambrès sont des personnages de l’histoire de l’Ancien Testament qui ne sont pas mentionnés dans nos textes mais dans les targums, des traductions de l’hébreu en araméen comprenant quelques ajouts venant d’une tradition orale. On peut résumer le rôle de ces deux hommes de la manière suivante : d’après ces textes du judaïsme du second temple, ils étaient les deux magiciens qui contrefaisaient les dix plaies d’Egypte avec peu de succès, qui ont finalement reconnu le « doigt de Dieu » et se seraient convertis à la foi d’Israël au moment de la sortie d’Egypte. Ils auraient ensuite été les instigateurs de l’affaire du veau d’or, poussant Aaron à le faire. En d’autres termes ils étaient devenus des « disciples » mais n’avaient que l’apparence de la piété et ont entraîné le peuple dans le péché. C’est pourquoi Paul les cite ici en exemple. Voici donc la première catégorie de disciples : des hommes ou des femmes qui professent une foi chrétienne, qui en ont toutes les apparences mais qui dans la réalité ne vivent que pour eux-mêmes et qui aiment leur plaisir plus que Dieu. Non contents de cela, ils entraînent les vrais disciples dans une conception erronée de la grâce pour les faire tomber dans le péché.

Dans Philippiens 3 :18 à 4 :1, Paul les définit comme des « ennemis de la croix ». Dans 2 Pierre 2 :1, Pierre les décrit comme « introduisant pernicieusement des hérésies de perdition et reniant le maître qui les a rachetés », en d’autres termes : Jésus est mon Sauveur, mais je n’ai pas à me soumettre à Lui, je continue à faire ce que je veux. Ces ennemis de la croix sont les chrétiens qui veulent tout ce que leur offre le christianisme, sans les souffrances, sans la croix, sans le renoncement à soi… Mais les ennemis de la croix se trompent eux-mêmes : en ne s’ouvrant pas à l’autre, en ne donnant pas leur propre vie, ils ferment leur cœur à la grâce qui les a touchés au départ et deviennent stériles et froids.

La dynamique secrète des vrais disciples qui n’ont pas seulement l’apparence mais la force de la piété (2 Timothée 3 :5), c’est celle de l’histoire de la veuve de Sarepta : une veuve de l’époque n’avait ni sécurité sociale ni moyen de gagner sa vie. Elle sort de chez elle sachant qu’il ne lui reste plus qu’un repas pour elle et son jeune fils unique après quoi ils mourront. Elle se penche pour ramasser un morceau de bois pour cuire sa farine. Et là elle aperçoit un homme qui se présente à elle et lui demande à boire. Elle s’exécute, apporte de l’eau. Puis il lui demande un « morceau de pain », ce qui était un euphémisme. Elie le prophète lui demandait de lui faire à manger. Elle lui explique qu’elle et son fils sont sur le point de mourir et qu’elle ne peut lui faire à manger. Elie lui répond que la farine et l’huile ne baisseront pas dans le pot mais qu’elle fasse d’abord un gâteau pour lui en ensuite pour elle et son fils. Dur ! Très dur ! Mais elle le fait ! Elle ne cherche pas à sauver sa vie, elle la donne. Elle prend le risque de la foi. Et pendant des mois le miracle va se reproduire : chaque fois qu’elle vide le reste de l’huile, l’huile réapparaît dans le pot, idem pour la farine. Chaque fois que nous renonçons à nos droits, à nous-même, à nos ambitions, Dieu nous comble au-delà de notre attente. La dynamique secrète se résume ainsi : le vase se remplit chaque fois qu’il est vidé !

Et la grâce dans tout cela ?

On pourrait objecter à cet enseignement sur l’imitation de Christ : oui, mais la grâce ? Je pensais que tout était grâce et voilà qu’on me demande de renoncer, de mourir etc… La réponse est plus simple qu’il n’y paraît : il faut de la grâce pour se donner !

Il y a la grâce que l’on reçoit.

Il y a la grâce que l’on donne.

La grâce que l’on reçoit c’est le pardon de nos péchés. La grâce que l’on donne c’est le don de soi, l’imitation de Christ dans le don de lui-même. Les passages suivants en sont la preuve : Colossiens 3 :13, Philippiens 2 :5ss, 2 Corinthiens 8 :6-9, Jean 15 :12 et 1 Jean 4 :11…

Dans Tite 2 :11-14 Paul nous dit que la grâce nous « enseigne » à mettre en œuvre ce don de soi. Et cet « enseignement » est plus un modèle qui nous est donné, celui de Christ se donnant pour nous. Christ nous dit : fais-de même !

En conclusion, nous devons nous rappeler que la racine du péché c’est le « repli sur soi ». Seuls ceux qui ont goûté à cette grâce peuvent s’ouvrir pour la donner autour d’eux. Le réservoir de la grâce de Dieu est infini, un peu comme un énorme barrage contenant des millions de mètres cubes d’eau et à côté notre bouteille d’un litre, notre verre de 2 décilitres que nous demandons à Dieu de remplir… Il est important de croire à la bonté de Dieu. Et dans cet amour, les épreuves et les souffrances ne sont rien à comparer avec la gloire à venir… (Romains 8).

Ce serait une erreur de vouloir imiter Jésus-Christ sans avoir d’abord connu la grâce.

Ce serait une erreur d’avoir connu la grâce et de ne pas ensuite vouloir imiter Jésus-Christ.

Oui, c’est la grâce, du début à la fin !

Jean-Hugues Jéquier


 

Auteur: Co-fondateur et directeur d’étude de l’IFIM, Institut de formation International de Marseille, Jean-Hugues Jéquier a particulièrement à coeur le monde musulman et la formation de leaders chrétiens équipés dans la Parole et dans l’Esprit. Il est marié et père de 3 enfants.

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