DIEU déchirant son propre peuple

Par Claude Brousson (1647-1698)

L’intérêt de lire ce sermon du 17ème siècle à une période de persécution est d’entendre l’accent de cette piété profonde, de cette crainte de Dieu, de ce sens de la souveraineté de Dieu et du respect pour sa Parole. Autant de choses qu’on n’entends plus beaucoup aujourd’hui.

Jean-Hugues Jéquier

Sur ces paroles d’Osée

Chapitre 5 :14 et 15
« Je suis comme un lion à Ephraïm
et comme un lionceau à la maison de Juda :
c’est moi, c’est moi qui déchirerai et je m’en irai,

j’emporterai et il n’y aura personne qui m’ôte la proie.
« Je m’en irai et je retournerai en mon lieu,
jusqu’à ce qu’ils se reconnaissent coupables
et qu’ils cherchent ma face. »

MES FRERES BIEN-AIMES EN JESUS-CHRIST

Nous lisons dans Exode 33 que Moïse ayant demandé à Dieu qu’il lui plût de lui faire voir sa gloire, Dieu lui dit qu’il ferait passer toute sa bonté devant lui mais qu’il ne pouvait pas voir sa face : car, dit-il, l’homme ne saurait me voir et vivre. Il lui dit aussi : Voici un lieu auprès de moi ; tu t’arrêteras sur ce rocher et quand ma gloire passera, je te mettrai au trou du rocher et je te couvrirai de ma main jusqu’à ce que je sois passé. Puis, je retirerai ma main et tu me verras par derrière mais ma face tu ne la verras point.

Lors donc que Dieu passa devant Moïse, Dieu cria : L’Eternel, l’Eternel, le Dieu fort, pitoyable, miséricordieux, tardif à colère, abondant en gratuité et en vérité ; gardant la gratuité en mille générations, ôtant l’iniquité, le forfait et le péché ; et ne tenant nullement le coupable pour incoupable, punissant l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et quatrième génération.

Par là Dieu voulut faire comprendre à Moïse qu’il est un Dieu invisible, un Dieu qui ne saurait être vu des yeux de la chair, mais qu’il se fait connaître par ses œuvres : que ce serait en Jésus-Christ, le Rocher des Siècles, qu’il manifesterait sa gloire ; qu’entre les autres merveilles qu’il ferait voir en Jésus-Christ, ce serait lui qui ferait connaître la grandeur de sa miséricorde envers les pécheurs repentants et la sévérité de la justice contre ce cher Fils qui, dans son amour, s’était chargé de nos péchés pour en faire l’expiation ; et qu’enfin il est plein de compassion envers ceux qui se repentent de l’avoir offensé, il est terrible dans la vengeance qu’il exerce contre les impénitents et les rebelles. Car il ne tient pas le coupable pour innocent, mais il punit même les péchés des pères sur les enfants et sur les enfants des enfants jusqu’à la troisième et quatrième génération. C’est pour cela qu’il dit maintenant dans notre texte : je suis comme un lion à Ephraïm et comme un lionceau à la Maison de Juda. C’est moi, c’est moi qui déchirerai et je m’en irai, j’emporterai et il n’y aura personne qui m’ôte ma proie. Je m’en irai et je retournerai en mon lieu jusqu’à ce qu’ils se reconnaissent coupables et qu’ils cherchent ma face.

Dans les paroles précédentes, le prophète parle des grands péchés dont le peuple d’Israël et de Juda s’était rendu coupable devant Dieu. Ce misérable peuple s’était corrompu dans la prospérité dont Dieu l’avait fait jouir depuis qu’il l’eût délivré de la servitude d’Egypte, qu’il l’eût introduit dans la terre de Canaan, qu’il eût abaissé ses ennemis. Dieu lui avait envoyé ses prophètes pour l’exhorter à la repentance, mais il avait toujours persévéré dans ses vices et ses dérèglements. Dieu l’avait souvent châtié et pendant que ce peuple avait senti la main de Dieu, il s’était humilié ; il avait baissé la tête comme le jonc, il avait pleuré, il avait jeûné. Mais toutes les fois que Dieu avait retiré sa main il était retourné dans sa mauvaise voie.

C’est pourquoi Dieu prédit maintenant à ce misérable peuple qu’il le détruira. Et en effet, il envoya contre lui les Assyriens et les Babyloniens qui détruisirent entièrement les royaumes d’Israël et de Juda, qui brûlèrent le temple, qui ruinèrent Jérusalem, qui firent périr une infinité de ces pécheurs impénitents et rebelles et qui dispersèrent les autres par toute la terre. Je suis, dit ce grand Dieu, comme un lion à Ephraïm et comme un lionceau à la Maison de Juda. C’est moi, c’est moi qui déchirerai, et je m’en irai, j’emporterai et il n’y aura personne qui m’ôte la proie. Je m’en irai et je retournerai en mon lieu jusqu’à ce qu’ils se reconnaissent coupables et qu’ils cherchent ma face.

Pécheurs, qui avez imité la corruption d’Israël selon la chair et, comme lui, avez été accablés des plus terribles jugements de Dieu, venez apprendre ici quelle est la sévérité de ce grand Dieu contre les pécheurs endurcis et quel est le moyen de l’apaiser lorsque sa colère est embrasée : afin que, retournant à lui de tout votre cœur il retourne à vous en ses grandes miséricordes et qu’il fasse luire sur vous la lumière de la délivrance et de ses consolations.

Dans les paroles de notre texte, avec l’assistance du Saint-Esprit que nous avons implorée et que nous implorons encore de tout notre cœur, nous verrons :

  1. Le terrible jugement dont Dieu menace ici son peuple rebelle et qui est exprimé en ces termes : Je suis comme un lion à Ephraïm et comme n lionceau à la Maison de Juda. C’est moi, c’est moi qui déchirerai, je m’en irai, j’emporterai et il n’y aura personne qui ôte la proie. Je m’en irai et je retournerai en mon lieu.
  2. Nous verrons, s’il plaît au Seigneur, quelle est la durée des châtiments de Dieu sur les pécheurs jusqu’à ce qu’ils se reconnaissent coupables, dit-il, et qu’ils cherchent ma face.

Dieu veuille, mes chers frères, que nous méditions soigneusement ces paroles, afin que nous en tirions les fruits, que l’Esprit de Dieu soit présent pour notre conversion et notre consolation.

I.

Je suis, dit ce grand Dieu, comme un lion à Ephraïm et comme un lionceau à la Maison de Juda. C’est moi, c’est moi qui déchirerai et je m’en irai, j’emporterai et il n’y aura personne qui m’ôte la proie. Je m’en irai et je retournerai en mon lieu.

Par Ephraïm l’Esprit de Dieu entend ici tout le royaume d’Israël qui était composé de dix tribus. Mais parce que celle d’Ephraïm était la principale et, d’ailleurs, ce même royaume avait été fondé par Jéroboam, qui était de la tribu d’Ephraïm, tout le royaume d’Israël est souvent nommé Ephraïm.

Par Juda il faut aussi entendre tout le royaume de Juda qui était composé des deux tribus de Juda et de Benjamin. Mais parce que celle de Juda était la plus considérable et que d’ailleurs le royaume était entre les mains des descendants de David qui était la tribu de Juda ; tout le royaume porte le nom de Juda.

De sorte que par Ephraïm et par Juda, il faut ici entendre toute la postérité d’Abraham, laquelle avait oublié la Loi de son Dieu et avait suivi les dérèglements et l’idolâtrie des Gentils.

C’est pourquoi Dieu prédit ici à ce peuple corrompu qu’il l’accablera de ses jugements. Je suis, dit-il, comme un lion à Ephraïm et comme un lionceau à la Maison de Juda.

Mais quelle terrible parole ? Dieu est comme un lion et comme un lionceau à son peuple pour le mettre en pièces. Où est donc et amour immense que l’Ecriture nous dit que Dieu a pour tous ses enfants ? De telle compassion, dit le roi prophète dans le psaume 103, qu’un père est ému envers ses enfants, de telle compassion est ému l’Eternel envers ceux qui le révèrent. Quand mon père et ma mère m’auraient abandonné, dit ce saint homme dans le psaume 27, l’Eternel me recueillera. Ecoutez mes frères comme l’Esprit de Dieu nous parle sur ce sujet dans le chapitre 49 d’Esaïe : Mais Sion, dit-il, m’a abandonnée, et le Seigneur m’a oubliée. La femme peut-elle oublier son enfant qu’elle allaite de sorte qu’elle n’ait pas pitié du fils de son ventre ? Or quand même les femmes les auraient oubliés, encore ne t’oublierai-je pas, moi. Dans toute leur angoisse, nous dit encore l’Esprit de Dieu au chapitre 63 des mêmes Révélations, il a été dans l’angoisse et l’ange de sa face les a délivrés. Lui-même les a rachetés par son amour et par sa grâce et il les a portés et élevés en tout temps. Qui vous touche, nous dit ce bon Dieu dans le chapitre 2 des Révélations de Zacharie, touche la prunelle de son œil. Aussi nous voyons dans les Actes des apôtres que lorsque Saul persécutait les fidèles, Jésus-Christ, qui est lui-même Dieu, béni éternellement avec le Père et le Saint-Esprit ; lui cria du ciel : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? Comme s’il sentait lui-même tous les maux qu’on fait souffrir à ses fidèles.

D’où vient donc que Dieu se représente ici comme un lion et comme un jeune lion qui ne songe qu’à déchirer son peuple ? C’est, mes chers frères, que Dieu est jaloux de sa gloire et qu’il ne peut souffrir les outrages qui lui sont faits. Si ce grand Dieu nous a créés, c’est pour sa gloire. S’il nous a rachetés, c’est pour sa gloire. S’il nous a élus plutôt que les autres hommes, quoi que nous ne fussions meilleurs qu’eux, s’il nous a adoptés pour être ses enfants, s’il nous a remplis de ses lumières, s’il nous a donné l’Esprit de sa sainteté c’est afin que nous le glorifiions en faisant sans cesse paraître que nous avons sa crainte devant les yeux, c’est-à-dire en obéissant à ses saints commandements et en témoignant du zèle pour sa gloire et pour son service. Que votre lumière, nous dit Jésus-Christ dans son Evangile, luise devant les hommes afin que les hommes voyant vos bonnes œuvres donnent gloire à votre Père qui est dans les Cieux.

C’est pourquoi, lorsqu’au lieu de glorifier notre Dieu par nos pensées, par nos paroles et par toutes nos actions, nous venons à violer ses commandements et à les déshonorer, en faisant paraître par notre mauvaise conduite, que nous n’avons pas sa crainte et son amour ; sa colère s’enflamme contre nous à cause de notre rébellion et de notre ingratitude.

Alors plus sont grandes les grâces que nous avons reçues de sa bonté, plus sont sévères les châtiments qu’il nous fait souffrir. C’est pour cela que dans l’Evangile Jésus-Christ nous dit que le serviteur qui aura connu la volonté du maître et qui ne l’aura pas faite sera puni plus sévèrement que celui qui ne l’aura pas connue. C’est pour cela que dans l’Epître de 1 Pierre 4, ce saint apôtre nous dit que le jugement commence par la maison de Dieu, c’est-à-dire par son Eglise. C’est à son Eglise qu’il a donné les plus grands témoignages de son amour. C’est pourquoi elle est la première châtiée, lorsqu’elle abuse des grâces de Dieu et qu’elle imite les dérèglements du siècle : après quoi le jugement de Dieu passe sur les autres peuples, dont Dieu s’est servi pour l’affliger. En effet, dans le chapitre 6 des Révélations d’Ezéchiel, nous voyons que Dieu voulu détruire Jérusalem qui s’était corrompue, il dit à ceux qui devaient exécuter ses jugements : Passez par le milieu de la ville et frappez, que votre œil n’épargne personne et n’en ayez point de pitié. Tuez entièrement les vieillards, les jeunes gens, les vierges, les petits enfants et les femmes ; mais n’approchez d’aucun de ceux sur lesquels sera la lettre Thau : commencez par mon sanctuaire, c’est-à-dire commencez par mes sacrificateurs, par ceux qui ont reçu les plus grands témoignages de ma bonté et qui m’ont payé d’une noire ingratitude. Malheur sur toi Corazin, dit aussi Jésus-Christ dans le chapitre 11 de Matthieu : Malheur sur toi Bethsaïda, car si les vertus qui ont été faites au milieu de vous eussent été faites à Tyr et Sidon, elles se fussent depuis longtemps repenties avec le sac et la cendre. C’est pourquoi je vous dis que Tyr et Sidon seront plus tolérablement traitées au jour du jugement que vous. Et toi Capernaüm, qui a été élevée jusqu’au ciel, tu seras abaissée jusqu’à l’enfer : car si les vertus qui ont été faites au milieu de toi eussent été faites à Sodome, elle fut demeurée jusqu’à aujourd’hui. C’est pourquoi je vous dis que ceux de Sodome seront plus tolérablement traités au jour du jugement que toi.

Dieu attend longtemps les pécheurs à la repentance ; mais lorsque sa patience s’est épuisée, plus elle a été longue, plus sont terribles les fléaux dont il accable les impénitents. O homme, disait Paul dans le chapitre 2 de son Epître aux Romains, méprises-tu les richesses de sa bénignité, et de sa patience, et de sa longue attente : ne connaissant pas que la bénignité de Dieu t’invite à la repentance : mais par la dureté et par l’impénitence de ton cœur, tu t’amasses de la colère pour le jour de la colère et de la manifestation du juste châtiment de Dieu qui rendra à chacun selon ses œuvres.

Alors Dieu n’est plus un Dieu de miséricorde pour les pécheurs endurcis mais un feu brûlant pour les dévorer. Alors c’est une chose terrible que de tomber entre ses mains. Alors toutes ses bénédictions se changent en malédictions. Alors il verse sur les pécheurs toutes les fioles de la colère.

C’est moi, dit-il maintenant, c’est moi qui déchirerai. En effet, mes chefs frères, c’est Dieu lui-même qui frappe son peuple lorsqu’il permet que son peuple soit opprimé par les ennemis. C’est pourquoi lorsque nous sommes persécutés nous ne devons pas arrêter nos yeux sur les hommes qui nous affligent. Ils ne sont que des instruments et des verges dans la main de Dieu pour nous châtier à cause de nos péchés. Mais nous devons élever nos yeux vers ce grand Dieu que nous avons offensé et qui, par les châtiments qu’il nous fait souffrir, veut nous ramener dans les saintes voies. Qui est celui, dit le prophète Jérémie dans le chapitre 3 de ses lamentations, qui dit que cela a été fait et que le Seigneur ne l’a pas commandé ? Les maux et les biens ne procèdent-t-ils pas du mandement du Très-Haut ? C’était pour cela que lorsque le démon affligeait Job, ce saint homme ne portait sa vue que sur Dieu qui le permettait ainsi : Son courroux, dit-il, m’a déchiré ; il s’est déclaré mon ennemi, il grince des dents sur moi ; et étant devenu mon ennemi il étincelle des yeux contre moi (Job 16 :9) ?

Je m’en irai, ajoute ce grand Dieu, et je retournerai en mon lieu. Dieu, mes chers frères, remplit les cieux et la terre, c’est pourquoi il ne va pas d’un lieu à l’autre car il est partout. Mais l’Ecriture dit qu’il s’en va lorsqu’il abandonne les pécheurs à leurs propres ténèbres ; à leur propre corruption et à leur propre faiblesse ; lorsqu’il les livre entre les mains de leurs ennemis et qu’il les prive de ses grâces et de son secours.

Dieu est notre soleil : dès qu’il s’éloigne de nous, nous tombons dans les ténèbres. Il est la source de tous les biens ; dès qu’il s’éloigne de nous nous tombons dans un abîme de maux. Il est notre consolateur ; dès qu’il s’éloigne de nous, nous nous trouvons dans une affliction extrême. Il est notre force, notre défenseur et notre libérateur ; dès qu’il s’éloigne de nous, nous sommes accablés par nos ennemis. Il est notre vie : dès qu’il s’éloigne de nous nous tombons dans la mort spirituelle qui est suivie de la mort et de la malédiction éternelle à l’égard de ceux qui persévèrent dans leurs péchés. Voilà, mes chers frères, ce qu’est ce funeste éloignement de notre Dieu.

Nous lisons dans le chapitre 14 du livre des Nombres qu’après que les israélites eurent longtemps irrité ce grand Dieu par leur incrédulité et leur rébellion, Dieu se retira du milieu d’eux. Alors ils voulurent aller combattre leurs ennemis. Mais Moïse leur dit : N’y montez point car l’Eternel n’est point au milieu de vous, afin que vous ne soyez pas battus devant vos ennemis. Ils y allèrent pourtant, mais leurs ennemis les repoussèrent et en tuèrent un grand nombre.

Nous voyons encore dans le premier Livre de Samuel chapitre 16 qu’après que le roi Saül eut plusieurs fois violé les commandements de l’Eternel, l’Eternel l’abandonna : et qu’alors le malin esprit de le saisit de la part de l’Eternel et remplit son cœur de trouble et d’amertume.

Nous lisons aussi dans les révélations du prophète Ezéchiel chapitres 10 et 11 que lorsque Dieu voulut faire détruire Jérusalem par les Caldéens, à cause de la corruption où elle était tombée, la Gloire de l’Eternel sortit du temple et de la ville. Alors ce grand Dieu s’en alla et retourna en son lieu : c’est-à-dire qu’il abandonna son peuple à la merci de ses ennemis qui en firent périr une fort grande partie et dispersèrent le reste sur toute la terre.

Enfin, nous lisons dans l’Histoire Ecclésiastique, que lorsque Dieu voulut de nouveau faire détruire Jérusalem par les Romains parce qu’elle avait crucifié le Seigneur de gloire et qu’elle avait longtemps persévéré dans son péché, on entendit dans le temple une voix qui cria : Sortons d’ici ! Ce fut alors encore que ce grand Dieu s’en alla et qu’il retourna en son lieu. Ce fut alors qu’il abandonna ce misérable peuple à la fureur de ses ennemis qui, dans le siège et la prise de Jérusalem, firent périr onze cent mille personnes ou par la famine, ou par la peste, ou par l’épée et qui dispersèrent aussi le reste par toute la terre habitable. Ce fut alors que l’on vit l’accomplissement de ce que Jésus-Christ leur avait prédit : Voici, leur avait-il dit, votre maison vous sera laissée déserte.

J’emporterai, dit encore ce grand Dieu, et il n’y aura personne qui m’ôte ma proie. Mais qu’emporte-t-il, me direz-vous, lorsqu’il s’éloigne de son peuple ? Ha ! Mes chers frères, qu’emporte-t-il ? Il emporte le pain mystique, c’est-à-dire la parole qui est la nourriture de nos âmes ; et alors nous tombons dans la faim spirituelle. Alors nous marchons depuis une mer jusqu’à l’autre, cherchant cette divine Parole et nous ne la trouvons point, comme dit le prophète Amos. Il emporte l’Esprit de la sainteté que nos péchés avaient tué ; et alors nous sommes livrés à un esprit d’étourdissement et d’égarement. Il emporte ses bénédictions dont nous nous sommes rendus indignes et alors toutes les plaies viennent sur nous. Il emporte ses consolations et alors il n’y a personne qui nous fasse revenir le cœur. Il emporte son chandelier et alors nous ne pouvons plus nous réjouir à sa lumière. Il emporte sa protection et alors nous tombons entre les mains de nos ennemis, qui disposent de nos biens, de nos enfants et de nos vies comme si nous étions des esclaves et des bêtes. C’est là, mes chers frères, la grande proie que Dieu emporte lorsqu’il abandonne son peuple : et qu’est-ce qui pourrait l’arracher de ses mains ? Si Dieu est contre nous, qui pourrait être avec nous ? S’il ravit, dit Job dans le chapitre 9 du Livre de la Patience, qui le lui fera rendre ? Qu’est-ce qui lui dira : que fais-tu ?

Ha ! que la condition d’un peuple est malheureuse lorsque Dieu le prive ainsi de ses grâces et de son secours ! L’Eglise d’Israël se trouvait dans ce déplorable état, lorsqu’elle disait dans les Lamentations du Prophète Jérémie : Vous tous passants, contemplez et voyez s’il y a douleur comme la douleur qui m’a été faite, à moi que l’Eternel a rendu dolente au jour de l’ardeur de la colère. Il a envoyé d’en haut au-dedans de mes os le feu qui les a tous gagnés et il m’a renversée en arrière. Il m’a rendue désolée et languissante tout le long du jour. C’est pour cela que je pleure et mon œil, mon œil se fond en eau : car le Consolateur qui me fait revenir le cœur est loin de moi. Mes enfants sont désolés, parce que l’ennemi a été le plus fort.

 

II.

Mais enfin, jusqu’à quand Dieu afflige-t-il ainsi son peuple ? C’est, mes chers frères, c’est jusqu’à ce que son peuple se convertisse. Je suis, dit-il, comme un lion à Ephraïm et comme un lionceau dans la Maison de Juda. C’est moi, c’est moi qui déchirerai et je m’en irai ; j’emporterai et il n’y aura personne qui m’ôte la proie. Je m’en irai et je retournerai en mon lieu jusqu’à ce qu’ils se reconnaissent coupables et qu’ils cherchent ma face. C’est-à-dire jusqu’à ce qu’ils aient une sincère et vive douleur de m’avoir offensé, qu’ils s’humilient sous mes yeux et qu’ils implorent ma miséricorde et ma grâce, qu’ils renoncent à leurs péchés et que désormais ils obéissent à mes commandements. C’est là, mes chers frères, l’unique moyen d’apaiser la colère de Dieu lorsque nos péchés ont irrité les yeux de sa gloire. Il faut cesser de faire le mal et faire désormais le bien. Autrement les pécheurs ne doivent pas attendre que ce grand Dieu fasse luire sa face sur eux et qu’il les délivre. Il n’y a point de paix pour les méchants, a dit mon Dieu, comme dit le prophète Esaïe dans le chapitre 57 de ses Révélations. Mais lorsque nous nous repentons sincèrement d’avoir offensé Dieu, que nous avons de l’horreur pour nos péchés, que nous y renonçons entièrement, que nous retournons à Dieu de tout notre cœur, que nous nous humilions profondément devant son trône, que nous implorons sa miséricorde et que nous marchons dans ses saintes voies, ce bon Dieu retourne à nous avec des grandes compassions ; il nous délivre de tous nos maux et il nous comble de toutes ses bénédictions spirituelles et temporelles.

Et c’est ce que Jésus-Christ veut nous enseigner dans la similitude de l’enfant prodigue dont il est parlé dans Luc chapitre 15. Cet enfant rebelle avait reçu sa portion des biens de son père : après quoi il s’était éloigné de lui et pendant cet éloignement il était tombé dans une misère et dans une affliction extrême. Il souhaitait de remplir son ventre des racines que les pourceaux mangeaient mais personne ne lui en donnait. Alors, revenant à soi-même, il dit : Combien y a-t-il dans la maison de mon père de mercenaires qui ont du pain en abondance, et moi je meurs de faim ? Je me lèverai et je m’en irai vers mon père et je lui dirai : Mon père, j’ai péché contre le ciel et devant toi je ne suis pas digne d’être appelé ton fils. Fais-moi comme à l’un de tes mercenaires. Il partit donc et vint vers son père. Or, comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion ; de sorte qu’il courut et se jetant sur son cou il le baisa. Mais son fils lui dit : Mon père, j’ai péché contre le ciel et devant toi et je ne suis pas digne d’être appelé ton fils. Alors son père le vêtit de précieux vêtements et fit un grand festin pour manifester la joie d’avoir recouvré cet enfant qui était perdu.

Lorsque par nos péchés nous nous éloignons de notre Père céleste et que nous dissipons les biens spirituels dont il nous avait comblés, notre âme tombe dans la faim spirituelle et dans la désolation. Mais alors, si nous renonçons à nous-mêmes, si nous retournons à notre Dieu, si nous nous humilions sous ses yeux, si nous gémissons en sa présence et que nous implorions sa miséricorde et sa grâce, ce bon Dieu se laisse toucher à notre misère, à nos pleurs et à nos gémissements. Il nous reçoit entre les bras de ses miséricordes, il nous baise d’un baiser de son amour, il nous revêt des habits mystiques de notre Sauveur, c’est-à-dire de sa justice et de son innocence et nous remplit des grâces et des consolations de son Esprit.

Je suis vivant, dit ce grand Dieu dans le chapitre 33 d’Ezéchiel, je ne prends pas plaisir à la mort du pécheur mais qu’il se détourne de son train et qu’il vive. Détournez-vous, ajoute-t-il, détournez-vous de votre mauvais train et pourquoi mourriez-vous, ô Maison d’Israël. C’est pour cela que dans le psaume 32 le roi-prophète lui dit : je t’ai fait connaître mon péché et n’ai point caché mon iniquité. J’ai dit : je ferai confession de mes transgressions à l’Eternel : et tu as ôté la peine de mon péché. C’est pourquoi tout bien-aimé de toi te suppliera au temps qu’on te trouve de sorte que dans un déluge de grosses eaux elles ne parviendront point à lui. Celui qui cache ses transgressions, dit le Sage dans le chapitre 28 des Proverbes, ne prospérera point ; mais celui qui les confesse et les délaisse obtiendra miséricorde.

Il ne suffit pas que nous confessions à Dieu nos péchés si nous n’y renonçons pas entièrement. Il ne suffit pas que nous ayons de la douleur d’avoir offensé Dieu si nous continuons encore à l’offenser. Il n’y a point de réprouvé qui, faisant réflexion sur les peines éternelles que Dieu lui prépare, n’en soit épouvanté et affligé. Les démons mêmes, considérant qu’il y a un Dieu et que ce Dieu grand et terrible leur prépare des supplices éternels, en éprouvent de l’horreur et en tremblent. Mais cela ne leur sert à rien. La grâce et la miséricorde de Dieu n’est pas pour ceux qui persévèrent dans leurs péchés mais pour ceux qui se corrigent de leurs défauts, qui se défont de leurs mauvaises habitudes, qui fient Dieu par toutes leurs œuvres, par toutes leurs paroles et par toutes leurs pensées. Je suis, dit maintenant ce grand Dieu, comme un lion à Ephraïm et comme un lionceau à la Maison de Juda. C’est moi, moi qui déchirerai et je m’en irai ; j’emporterai et il n’y aura personne qui m’ôte la proie. Je m’en irai et je retournerai en mon lieu, jusqu’à ce qu’ils se reconnaissent coupables et qu’ils cherchent ma face.

Ce que nous venons de dire suffit pour l’intelligence de ces paroles. Maintenant il faut que nous appliquions à notre usage les choses que vous venez d’entendre.

Nous voyons ici dans le malheur de l’Eglise d’Israël et de Juda une image de notre condition. Nous avons imité la corruption de cet ancien peuple et Dieu nous a punis comme lui. Dieu nous avait délivrés de la tyranie du pharaon mystique qui est le Diable. Il nous avait faire sortir des ténèbres de l’Eglise anti-chrétienne qui est la nouvelle Egypte. Il nous avait choisis pour son peuple. Il nous avait donné la connaissance de la vérité pendant qu’il avait laissé dans l’erreur et l’égarement une infinité d’autres personnes qui n’étaient pas plus indignes que nous de ses grâces. Il nous avait même fait naître dans un pays abondant en lait et en miel, comme la terre de Canaan. Il nous y avait protégés, il nous y avait fait jouir d’un long repos et d’une grande prospérité.

Il ne nous avait accordé tant de bienfaits qu’afin d’être glorifié par nous. Vous êtes, nous dit pierre dans sa première Epitre catholique au chapitre 2, la génération élue, la Sacrificature royale, la Nation sainte, le Peuple acquis afin que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière.

Cependant, nous avons été ingrats, méchants et rebelles. Nous n’avons pas fait luire notre lumière devant les hommes afin que les hommes, voyants de bonnes œuvres, donnent gloire à notre Père céleste. Au contraire, nous avons déshonoré ce grand Dieu par notre malheureuse conduite. Nous avons été la cause que son saint nom a été blasphémé par ceux qui ne le connaissaient point. La plupart de nous ont vécu comme des païens. On n’a vu parmi nous que paillardises abominables, que débauches, qu’ivrogneries, que mauvaise foi, que fraudes, que larcins, qu’injustices, que divisions, que haines implacables, que mépris de la Parole de Dieu, qu’indévotion, qu’impiété, que profanation du saint jour du repos, qui ne devait être employé qu’au service de ce grand Dieu, à l’ouïe, à la lecture, à la méditation de la Parole, à l’invocation de son saint nom et aux chants de louanges immortelles. On n’a ouï parmi nous que des paroles infâmes, des chansons impudiques et impies et des imprécations damnables : les uns se donnant au Diable à tout moment et les autres demandant sans cesse que Dieu les damnât. C’est pourquoi Dieu a permis que les uns et les autres aient été séduits par les démons et qu’ils soient tombés dans l’état d’une damnation éternelle. On n’a ouï que serments vains et téméraires, que reniements et que blasphèmes horribles. Les pères et les mères n’ont eu aucun soin d’inspirer à leurs enfants la crainte et l’amour de Dieu ; et les enfants n’ont eu aucun respect pour leurs pères et pour leurs mères. En un mot, dans ce monde, il n’y avait point de peuple qui, ayant reçu la connaissance des mystères célestes, fut plus corrompu que celui qui en France faisait professions d’être le peuple réformé. Il n’y avait point de différence entre nous et les enfants du siècle. Nous nous étions confondus avec eux par notre attachement au monde, par notre luxe, par nos vanités et par l’impureté de notre vie.

Nous étions la nation hypocrite dont parle l’Esprit de Dieu au chapitre 10 d’Esaïe et contre laquelle Dieu a envoyé l’Assur mystique. Malheur, dit-il, sur Assur, verge de ma colère, quoique le bâton qui est en leur main soit mon indignation. Je l’enverrai contre la nation hypocrite et je le dépêcherai contre le peuple sur lequel je veux déployer ma fureur afin qu’il butine le butin et qu’il pille du pillage et qu’il foule ce peuple profane comme la boue des rues.

Dieu n’avait rien oublié pour nous ramener de notre égarement. Mais nous avions toujours rejeté les exhortations qui nous étaient faites de sa part. Il nous avait souvent châtiés, mais nous n’avions pas profité de ses châtiments. C’est pourquoi sa patience s’est enfin changée en fureur. Il nous a déchirés, il nous a mis en pièces, il s’en est allé, il nous a abandonnés. Il a privé son peuple de sa Parole, de son Esprit, de ses bénédictions, de ses consolations, de son chandelier et de son secours. Il nous a livrés à la merci de nos ennemis qui nous accablent de maux, qui nous foulent d’amertume, qui disposent comme bon leur semble de nos biens, de nos enfants et de nos vies. Maintenant nous crions vers notre Dieu mais il ne répond point.

Quoi donc, n’y a-t-il plus de baume en Galaad ? Les miséricordes de notre Dieu sont-elles défaillantes ? A-t-on oublié d’avoir pitié ? A-t-il resserré pour jamais ses compassions ? Ha ! mes chers frères, ce sont nos péchés qui ont fait la séparation entre nous et notre Dieu. C’est pourquoi il faut que nous nous reconnaissions coupables et que nous cherchions sa face. Il faut que chacun de nous se détourne de sa mauvaise voie, que nous nous humiliions sous les yeux de notre Dieu et que nous implorions sa miséricorde, si nous voulons qu’il ait pitié de nous. Il faut que nous renoncions à tous nos péchés, que nous réformions nos mœurs, comme nous avons réformé notre doctrine, comme un peuple profane, hypocrite et infidèle qui fait profession de le connaître, mais qui le renie par ses œuvres et par ses paroles. Il faut que nous vivions saintement en nous-mêmes, justement envers nos prochains et religieusement envers Dieu. Il faut que nous soyons saints comme notre Dieu est saint. ; afin qu’il nous accepte pour ses enfants, qu’il nous délivre de tous nos maux et qu’il nous comble de toutes ses grâces.

C’est votre infidélité qui a rompu l’alliance que vous aviez avec votre Dieu. Il faut donc que vous retourniez à lui et que vous vous abattiez au pied de son trône, que vous lui témoigniez l’horreur que vous avez pour tous vos péchés et principalement pour votre révolte détestable. Il faut que vous ayez tout votre recours à sa grâce, que vous lui demandiez qu’il lui plaise de vous laver dans le précieux sang de votre sauveur et de vous revêtir de sa justice et de son innocence ; que vous lui promettiez de lui être désormais fidèles jusqu’au dernier moment de votre vie ; que vous imploriez continuellement le secours de son Saint-Esprit afin que vous puissiez combattre le bon combat, garder la foi, achever votre course et obtenir la couronne de justice qu’il prépare dans le ciel à tous ceux qui lui auront été fidèles et qui auront persévéré jusqu’à la fin. Maintenant donc, vous dit ce grand Dieu dans le chapitre 2 des Révélations de Joël, retournez jusqu’à moi de tout votre cœur en jeûne, en pleur et en lamentation. Rompez vos cœurs et non pas vos vêtements. Retournez à l’Eternel votre Dieu car il est miséricordieux et pitoyable, tardif à la colère, abondant en gratuité et qui se repent d’avoir affligé. Que le méchant délaisse son train et l’homme outrageux ses pensées, vous dit-il encore dans le chapitre 55 d’Esaïe, et qu’il retourne à l’Eternel car il aura pitié de lui ; à notre Dieu car il pardonne tant et plus. Venez, dit le prophète Osée après les paroles de notre texte, et retournons à l’Eternel : car c’est lui qui a déchiré, mais il nous soignera. Il nous a frappé mais il bandera nos plaies. Il nous aura remis en vie dans deux jours et au troisième jour il nous aura rétablis car nous vivrons dans sa présence.

Mon peuple, nous dit encore ce grand Dieu dans le chapitre 6 de Michée, que t’ai-je fait ? En quoi t’ai-je travaillé ? Réponds-moi. Si mon peuple m’eût écouté, nous dit-il dans le psaume 81. Si Israël eût marché dans mes voies, j’aurais alors abattu en un moment leurs ennemis et j’eusse tourné ma main contre leurs adversaires et je l’aurais repu, dit-il, de la moelle du forment et je l’eusse rassasié du miel qui coule de la roche. C’est-à-dire que je l’eusse toujours repu de ma parole et rempli des grâces et des consolations de mon Esprit.

Ha ! chère Eglise du Seigneur, que ta désolation est grande et lamentable ! Retourne à l’Eternel ton Dieu et il aura pitié de toi. Il t’a frappée en sa colère à cause de tes péchés ; mais ses entrailles s’émeuvent au-dedans de lui. Il te tend maintenant les bras pour te recevoir à merci. Ecoute, Eglise désolée, en quels termes l’Esprit de Dieu te parle dans le chapitre 54 des Révélations d’Esaïe : L’Eternel, dit-il, t’a appelée comme une femme délaissée et travaillée d’esprit ; comme une femme qu’on aurait épousé dans sa jeunesse et qui aurait été répudiée, a dit ton Dieu. Je t’ai délaissée pour un petit moment mais je te rassemblerai par de grandes compassions. J’ai caché ma face en arrière de toi, pour un peu de temps, au moment de l’indignation, mais j’ai eu compassion de toi par une gratuité éternelle, a dit l’Eternel ton Rédempteur. Car ceci me sera comme les eaux de Noé puisque j’ai juré que les eaux de Noé ne passeront plus sur la terre. De même j’ai juré que je ne serai plus indigné contre toi et que je ne te tancerai plus. Car quand les montagnes se renverseraient et que les coteaux crouleraient, ma gratuité ne se départira point de toi et l’alliance de ma paix ne bougera point, a dit l’Eternel qui a compassion de toi. Affligée, tempêtée, destituée de consolation, voici, je m’en vais coucher des escarboucles pour tes pierres. Je te fonderai sur des saphirs et je ferai des fenêtrages d’agathes et tes portes seront de pierres précieuses. C’est-à-dire, après que je t’aurai épurée dans le creuset de l’affliction, tous tes enfants seront saints et précieux à mes yeux. Je te délivrerai de la main de tes ennemis, je ne permettrai plus qu’ils profanent mes sanctuaires et qu’ils les ruinent ; je te ferai voir la destruction du règne de Satan et le plein établissement de celui de ton Dieu par tout le monde ; je te ferai éclater en voix d’actions de grâces, de triomphe et de réjouissance.

Venez donc, pauvres pécheurs, enfants prodigues qui reconnaissez votre égarement, retournez à votre Père céleste. Vous avez dissipé les biens spirituels que vous aviez reçus de sa bonté ; vous êtes tombés dans la faim spirituelle, dans la misère et dans l’affliction. Humiliez-vous profondément dans la présence de votre Dieu. Que chacun de vous lui dise : Mon Père, j’ai péché contre le ciel et devant toi et je ne suis plus digne d’être appellé ton enfant : fais-moi comme à l’un de tes mercenaires. Venez, mes chers frères, retournons tous à l’Eternel notre Dieu, car nous avons tous péché contre lui. Renouvelons l’alliance avec ce grand Dieu : promettons-lui solennellement que nous serons son peuple, que nous lui serons fidèles, que nous aurons toujours sa crainte devant nos yeux, que nous obéirons toujours à ses saints commandements et que nous le glorifierons par toute notre conduite.

Alors ce grand Dieu aura compassion de nous. Il nous gardera comme la prunelle de l’œil. Il nous délivrera de cette dure servitude dans laquelle nous gémissons depuis si longtemps. Il nous mettra dans un état renommé sur la terre ; il nous fera voir des jours de paix, de repos et de prospérité ; il nous comblera de ses grâces et de ses bénédictions ; et un jour il nous rendra participants de la gloire et de la félicité céleste. Que ce bon Dieu nous en fasse grâce.

Or, à ce grand Dieu Père, Fils et Saint-Esprit, un seul Dieu béni éternellement soit honneur et gloire aux siècles des siècles. Amen.

Prononcé en divers lieux les 10 février, 7 et 30 mars, 11 et 19 mai, 1er août, 17 septembre et 8 octobre 1690.

 

 

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